Tambacounda : situation de l’école sénégalaise, Oumar Waly Zoumarou peint un tableau très sombre.

Le secrétaire général du Syndicat des enseignants libres du Sénégal (Sels/originel), Oumar Waly Zoumarou, qui était en tournée à Tambacounda, n’a pas aimé la situation que vit l’école sénégalaise. En profonde crise du fait d’une absence de politique éducative assez sérieuse, Zoumarou a peint un tableau peu reluisant de l’école sénégalaise, avant de dénoncer le soutien des députés et du chef de l’Etat au ministre de l’éducation.

Le secrétaire général du Sels/Originel n’est pas du tout content de la situation actuelle de l’école. En tournée dans la région de Tambacounda où il tient ses origines, « Zoum », comme l’appellent affectueusement ses collègues, a peint un tableau très sombre de l’école sénégalaise.

« Le système éducatif sénégalais va à vau-l’eau », reconnait d’emblée le syndicaliste. Selon lui, la situation actuelle de l’école où tout est urgence est à imputer à l’Etat et surtout au ministre Serigne Mbaye Thiam. « Il n’y a aucune vision claire et planifiée dans le système scolaire du pays. Des accords sont signés au vu et au su de tout le monde mais, peinent à être respectés », se désole-t-il. « Sans aucune gêne, il continue de se la couler douce pendant que les enseignants broient du noir et courent derrière des choses qui leur reviennent de droit. Nous ne demandons aucune faveur à qui que ce soit », précise le syndicaliste. « Tout ce que nous réclamons est un dû et doit nous être rendu », a-t-il ajouté. Parlant du ministre de l’éducation, « Zoum » estime que « cet « expert  comptable n’a d’objectif que les sous, raison de son acharnement sur les enseignants ». Pour preuve, « depuis son avènement à la tête du ministère, il ne raisonne que finance. Les enseignants sont sous utilisés, les indemnités qui leur sont allouées sont excessives, d’où son action d’éliminer tout déplacement d’enseignant dépassant 70km, entre autres mesures impopulaires qu’il a prises », décrie le patron du Sels/O. Et c’est pourquoi, plaide-t-il, « tous, nous devons nous lever comme un seul homme pour une bonne défense et une prise en charge correcte et à temps des préoccupations des enseignants, aujourd’hui voués aux gémonies par leur tutelle ».

Un préavis de grève déposé le 7 janvier dernier.

Pour faire respecter les accords signés devant tout le monde par l’Etat, Zoumarou et son syndicat ont jugé opportun de déposer un préavis de grève. A l’en croire, « c’est depuis le 7 janvier qu’un préavis de grève a été déposé sur la table de la tutelle par le Sels/O et d’ici le 7 février prochain, si aucune avancée notoire n’est enregistrée, nous passerons à la vitesse supérieure, avertit-il. « Dans tous les autres corps de métiers de la fonction publique, les accords tenus avec le gouvernement ne tardent pas à être matérialisés. Pourquoi, chez les enseignants, il faut à chaque fois, aller en grève pour qu’à la suite les gens daignent esquisser des solutions », se demande-t-il. « Si nous voulons un système éducatif performant, que l’on redonne à l’école sa vraie valeur et restitue aux enseignants leur dignité », plaide Oumar Waly Zoumarou », très remonté contre l’Etat et le ministre en charge des questions éducatives.

Un faux soutien au ministre de l’éducation.

L’affaire des 690 élèves-maitres exclus du système est encore revenue dans les débats. Ici, Zoumarou pense que le ministre a tout faux, même s’il a reçu un faux soutien de l’assemblée nationale. « Tous ces élèves-maitres ne peuvent pas avoir triché, d’autant plus que le ministre dans tout son argumentaire, partout où il est passé, n’a brandi que moins d’une dizaine de copies. Où sont passées les 680 autres copies dont il parle. Qu’il arrête de telles allégations sur ces sénégalais aussi respectueux et respectables que lui. Comment des gens titulaires de masters, de Duel et autres diplômes supérieurs puissent faire autant de fautes dans une dictée. C’est inadmissible », rugit-t-il. Heureusement, se réjouit-il, « ils n’étaient que moins d’une cinquantaine de députés (40) selon lui à se livrer à une épreuve mécanique et machinale pour dire soutenir Serigne Mbaye Thiam ». Cependant, estime-t-il, « la gravité aura atteint son paroxysme, quand la première institution du pays se mêle à ce type de soutien. C’est inadmissible dans un pays dit de droit, quand le conseil constitutionnel donne son verdict, et que des citoyens ne veuillent pas l’appliquer ». Pour terminer, il réaffirme sa volonté de voir les enseignants, sans aucune couleur syndicale, se lever comme un seul homme afin de pouvoir faire face au ministre dans sa logique d’humiliation du corps enseignant.

Abdoulaye FALL / www.tambacounda.info /