Panne de deux machines de la Senelec, Tambacounda renoue avec les coupures de courant.

La ville de Tambacounda est en proie ces derniers jours à de fortes coupures de courant. Il ne se passe pas une seule journée sans que les maisons, ateliers et autres services ne soient privés d’électricité durant plusieurs heures parfois. Interpellés, des responsables de la Senelec parlent de deux machines qui sont tombées en panne.

A Tambacounda, les populations broient du noir en ces temps qui courent. Avoir de l’électricité de manière continue, les Tambacoundois n’en ont en effet plus le privilège. L’électricité est devenue un «grand luxe», ce qui prolonge du coup leur besoin de se mettre à l’abri de la chaleur d’étuve qui sévit présentement sur la capitale orientale.  Outre la chaleur, ce sont les activités économiques qui sont au ralenti. Ateliers, studios de montage, grandes surfaces, services techniques et petit commerce tournant au tour de l’électricité, tout est pratiquement désorganisé. Le hic, c’est que les coupures sont très longues, toute une journée ou toute une nuit, et le service de communication de la Senelec maintient jusqu’au moment où nous mettons sous écrivons ces lignes, la loi de l’omerta. Le moins que l’on puisse dire est que les consommateurs auraient pu être informés à travers différents communiqués et être mis au parfum du planning des délestages si tant est que la Senelec a du respect pour ses clients. Mêmes les gratte-papiers en souffrent, il faut naviguer de quartier en quartier pour pouvoir travailler ! Ce qui est aussi bouleversant, c’est que le directeur général de la Senelec se bombe la poitrine pour laisser entendre que ce qui est fait en un temps record est nettement meilleur que ce qui était fait entre 1960 et 2000, soit ! A Tambacounda, par les temps qui courent, même un demeuré ne saurait y croire, tellement que les populations, qui croyaient ces coupures renvoyées aux calendes grecques souffrent.
Interpellés sur la situation, les responsables régionaux de la Senelec mettent cette situation plus qu’intenable au compte de machines qui sont en panne. Selon Mamadou Diatta, du service de l’entretien mécanique à la centrale de Tambacounda, la ville fonctionnait  avec 6 machines de 1 000 Kilowatts chacune mais, depuis le début de l’année, l’une d’elles était tombée en panne. « On faisait avec les 5 autres restantes pour alimenter la ville. Seulement, dans le courant du mois de février, une autre machine est grippée, ce qui a considérablement  perturbé le réseau de distribution du courant dans la ville. Aujourd’hui, il nous est difficile d’approvisionner normalement les populations en courant », a affirmé M. Diatta. « Là où la centrale pouvait produire 6 mégas, on en est à 5 aujourd’hui, et même en deçà », informe le service de l’entretien. « Les 5 mégas, constituent la puissance assignée et la puissance disponible ne dépasse pas les 4,5 mégas. A chaque fois, il y a une marge qui est laissée. Voilà ce qui fait qu’on ne peut pas alimenter toute la ville et nous sommes obligés de procéder à des délestages car, les machines ne peuvent plus supporter la charge », a ajouté M. Diatta. « Aujourd’hui, sur les groupes, il n’y a plus que 4 groupes seulement qui fonctionnent », se désole Diatta.
«La demande journalière est estimée à près de 5 000 kilowatts pendant que les machines  fonctionnelles ne produisent pas 4 000 kilowatts/jour. Vous voyez ce que ça fait.  Ainsi, pour essayer de subvenir aux besoins de tout le monde, on est obligé de procéder à des délestages», explique-t-il.
Et la fin de ce calvaire n’est pas pour demain car, les responsables sont incapables d’annoncer une date à  laquelle, une solution sera apportée. Tout ce qu’ils ont servi avec dépit, c’est que la commande a été lancée, maintenant, il faut savoir patienter.
Les Tambacoundois déboussolés ont par conséquent, décoché plusieurs flèches sur le gouvernement. «Pendant que des milliards sont injectés dans l’organisation du référendum, nous, nous broyons du noir faute de machines», fulminent certains parmi ceux rencontrés. A leurs yeux, « rien que la situation que nous vivons en ces moments de forte canicule constitue un véritable motif de voter «Non» au référendum. Cette frange de la population fustige aussi, le fait que les gouvernants passent tout leur temps à parler d’un «Sénégal émergent, d’un Sénégal en avant», alors qu’ils sont incapables d’assurer une bonne fourniture en électricité au pays.

Abdoulaye FALL / www.tambacounda.info /