Entre dimanche et hier mercredi 09 novembre 2016, 23 femmes atteintes de fistules obstétricales ont subi des interventions chirurgicales, sans bourse déliée, au centre hospitalier régional de Tambacounda. C’est l’organisation des nations unies pour la population, (Unfpa), qui a pris en charge l’intégralité des frais médicaux liés à cette activité, pour que les bonnes dames recouvrent la santé et puissent revivre en harmonie dans leurs familles.
Ouf de soulagement, plusieurs femmes atteintes de fistules obstétricales l’ont poussé à Tambacounda. Grâce à Unfpa qui a entièrement pris en charge les frais médicaux, elles ont toutes subi une intervention chirurgicale au centre hospitalier régional de Tambacounda, sauf deux d’entre elles qui souffraient de paludisme au moment des interventions. A en croire Amadou Bâ, le point focal de l’organisation Article 19, ces dames ont été pour la plupart recensées par les relais de son organisation qui avait en charge le volet de la sensibilisation. Selon lui, les malades viennent pour la plupart de la commune et de certains villages environnant. Ce sont les relais qui les ont dénichées et les ont convaincues à se faire soigner. Aminata Diop, relais d’Article 19, la cinquantaine dépassée, soutient que les femmes ont toutes été approchées et conscientisées sur les risques qu’elles couraient si, elles ne se faisaient pas soigner. « Nous leur avons parlé de la maladie et ses conséquences sur la santé des femmes, pour mieux les amener à accepter de se faire soigner », explique la quinquagénaire. C’est ainsi que toutes celles qui ont été approchées ont accepté de se faire recenser pour se faire soigner. « Beaucoup d’entre ces dames n’avaient pas la bonne information sur la maladie et ignoraient totalement les risques qu’elles encouraient en continuant de se cacher », fait remarquer le relais. « Aujourd’hui, elles sont là à l’hôpital et ont toutes subi avec succès l’opération. L’intervention a été pour elles toutes une parfaite réussite », se réjouit le point focal d’Article 19. Cependant, Amadou Bâ se dit conscient que la guerre est loin d’être gagnée. « Il va falloir davantage investir les localités surtout celles très reculées, pour rencontrer les femmes, discuter avec elles afin de les amener à accepter de se faire soigner », laisse-t-il entendre. La sensibilisation reste l’un des moyens les plus sûrs pour arriver à faire reculer la maladie qui gagne du terrain dans la région. « Plusieurs femmes l’ont attrapé durant leur accouchement », note Aminata Diallo, relais à Article 19. Elles souffrent beaucoup de la maladie qu’elles ignorent ou négligent malgré le rejet par leur mari ou les membres de leur famille. « Il faut qu’elles acceptent de se faire soigner pour éviter que l’irréparable ne se produise », conseille la dame Aminata Diallo, déterminée à jour sa partition dans le combat.
Témoignage d’une accompagnante d’une malade.
La dame Salimata Bâ, accompagnant une malade de la fistule explique : « cette dame que j’accompagne est la coépouse de ma maman. Elle est tombée malade au terme d’un accouchement ici au centre hospitalier régional de Tambacounda. Pendant deux jours, elle n’avait pas réussi à accoucher. Elle était obligée d’être référée sur Kaolack. Là bas, non seulement le bébé n’a pas été sauvé, mais elle y a été blessée lors du curetage. C’est depuis lors qu’elle a commencé à sentir des difficultés d’origine gynécologiques. Une fois retournée au village à Niaoulé Tanou dans l’arrondissement de Missira, les complications se sont accentuées et, elle commence à voir de l’eau et assez souvent, un liquide jaunâtre, coulait de ses parties intimes. Une odeur nauséabonde a commencé à la gagner. Elle était devenue la risée de tout le monde. Elle est stigmatisée et abandonnée par tous. Cette situation l’a traumatisée et perturbée. Mais, grâce au relais d’Article 19, la dame nommée Oumou, a été recensée la veille et proposée à subir gratuitement l’intervention chirurgicale. Aujourd’hui, elle est là couchée et l’intervention a été un succès. Et nous espérons qu’au sortir de cet hôpital, la maladie va complètement lui tourner le dos. La dame était fatiguée et a subi toutes sortes d’humiliation au village. Nous remercions Article 19 et Unfpa qui ont permis cette opération. J’inviterai toutes les femmes à se faire consulter et à se rendre dans les structures de santé dès que de pareils signes sont visibles chez elles. Il faut que tout le monde se lève pour combattre cette maladie».
Abdoulaye Fall / www.tambacounda.info /
