Tambacounda : l’hôpital admis aux urgences.

S’il y a une structure sanitaire qui est vraiment très mal en point, c’est assurément le centre hospitalier régional de Tambacounda. Dans cette structure de prise en charge de la santé des populations du Sénégal oriental et même de la sous-région, il y manque tout ou presque. Aucun spécialiste ou presque, n’y officie plus depuis quelques temps. La structure n’a plus de pédiatre, ni de chirurgien le gynécologue lui, a jeté l’éponge pour aller dans le privé, entre autres manques notés. Et pourtant, il est étiqueté d’hôpital de niveau 2, ahurissant. Il doit vraiment être admis aux urgences et mis sous perfusion.

Tomber malade en ces temps qui courent à Tambacounda est un véritable risque. Il en faudra de peu pour que la faucheuse vous emporte du fait d’une mauvaise prise en charge ou même d’absence de prise en charge tout simplement quand on sait qu’il n’y a plus de spécialiste dans cette structure sanitaire pourtant dite de niveau 2. 2 serait d’ailleurs très approprié comme note que mérite l’hôpital, très mal en point. Il n’y a plus de spécialiste dans les services, les plus vitaux du reste. Certaines populations l’ont pourtant dénoncé. « L’hôpital est malade » nous disaient-elles. Il n’y a plus de spécialistes dans beaucoup de services, regrettaient des populations déboussolées.

La cérémonie de remise de don offert par le roi de la filière banane à la structure, a permis d’en avoir le cœur net. La directrice de l’hôpital, interrogée, a effectivement affirmé que la structure souffre d’un personnel spécialisé. Le chirurgien qui y officiait est affecté à Dakar il y a de cela quelques moments, explique Aïda Babilas Ndiaye, pour ce qui est du gynécologue, le seul d’ailleurs dont disposait le CHU, il a rendu le tablier récemment, préférant ouvrir sa propre clinique, lâche presque atterrée, celle qui dirige l’hôpital. A la pédiatrie aussi, informe-t-on, depuis belles lurettes maintenant, il n’y avait plus de Docteur pédiatre, même si Mme la directrice rassure qu’elle vient de décrocher un spécialiste dans ce domaine et qui a pris service il y a de cela moins de 5 jours. Cette situation est inquiétante et mérite d’être portée à la connaissance de tous pour qu’une solution soit trouvée et cela, de manière urgente. Comment admettre qu’un hôpital de niveau 2 qui accueille des patients de tous bords même ceux de la sous-région puisse être autant mal en point ? Pourquoi les autorités laissent faire et prospérer cette situation ? Comment assurer une couverture maladie universelle dans un tel contexte ? Autant de questions posées par des populations outrées et ahuries par la situation. C’est inimaginable ! Fulminent certains.

De toutes les façons, que personne ne soit surpris si le taux de mortalité arrivait à grimper ces temps-ci. La structure va mal et cela au grand dam des populations. Tout le personnel spécialisé qui y est affecté vient juste pour mieux affiner ses armes et repartir aussitôt qu’il a la main, regrette une patiente qui a préféré garder l’anonymat, blottie dans son lit d’hôpital, les larmes perceptibles. Le personnel de l’hôpital n’est pas fixe, il n’y a que des prestataires de service temporel qui sont conduits sur Tambacounda et généralement pour une courte durée avant de repartir aussitôt qu’ils ont la main. Aujourd’hui, l’hôpital n’a plus de gynécologue. Ce qui veut dire que les femmes en état de grossesse ou en âge de procréer doivent batailler fort et garder encore leur mal en patience jusqu’à (Sine Die). Regrettable ! Au même moment on tympanise avec des slogans creux de nature « réduire sensiblement le taux de mortalité infantile et maternel ». En ce 21é siècle, un hôpital dit de niveau 2 et qui n’a pas de gynécologue, c’est effarant !

Une politique d’attractivité pour retenir les spécialistes.

Le constat fait par tout le monde est que le personnel médical spécialisé qui est affecté à Tambacounda n’y dure pas. Cela pourrait s’expliquer différemment. Cependant, il urge de mettre en place une politique, visant à les retenir dans la région et, cela passerait inéluctablement par une motivation de ces derniers afin qu’ils acceptent de séjourner plus longtemps dans le terroir. Le gouverneur El. Bouya Amar lors de la cérémonie de remise de matériels offerts par Mamadou Oumar Sall, a profité de l’occasion pour appeler la direction à mettre e place une politique d’attractivité visant à mieux intéresser les spécialistes dans la région. Outre les avantages et autres motivations que leur procure l’état, la structure doit à son tour trouver les voies et moyens pour les motiver davantage afin qu’ils acceptent de rester dans la région, au grand profit des populations, conseille le chef de l’exécutif régional.

Abdoulaye Fall / www.tambacounda.info /