Séries de viols suivis de meurtre au Sénégal: la psychose gagne les femmes

 

Même réputé comme étant un mois béni, de piété et d’abstinence, le Ramadan n’a pas réussi à arrêter ces “détraqués” qui violent les femmes avant de leur ôter la vie, tout bonnement. Après Coumba Yade dans la région de Thiès, c’était une petite fille de 2 ans dont la photo à été exposée sur la toile, et qui aurait été violée par son oncle. A cela s’ajoute la découverte macabre, samedi, du corps de Bineta Camara, « violée » et tuée chez elle, à Tambacounda, en l’absence de ses parents. Suffisant pour créer une psychose totale chez les femmes qui se sentent constamment menacées. Rencontrées par Sud Quotidien, ces femmes qui ne savent plus à quel saint se vouer plaident pour la peine de mort.
Les cas de viol suivi de meurtre défraient de plus en plus la chronique ces derniers jours. A cela s’ajoutent des meurtres aussi sanguinaires, les uns que les autres. Coumba Yade à Thiès, Mariama Sagna du Pastef, Fama Niane à Pikine, Ndeye Selbé Diouf, bref la liste est loin d’être exhaustive. Tous ces viols et assassinats remettent sur le tapis la virulente question de la violence faite aux femmes. Solidarité ou compassion, certaines femmes rencontrées se disent anéanties par cette situation qui les installe dans une peur bleue, les poussant à demander la peine maximale pour ces malfaiteurs. Madame Diop, une jeune maman officiant à l’université Cheikh Anta Diop, avoue vivre dans une angoisse permanente. «Je suis choquée et j’ai aussi très peur », lance la jeune dame à la trentaine affirmée, l’air terrifié. Elle explique que de nos jours « personne n’est à l’abri », face à ce quelle nomme un problème social. D’où l’invite qu’elle lance aux mamans d’être vigilantes et de rester informées parce que, pour ce qui s’est passé à Tambacounda, « peut-être que si sa maman avait un peu de réflexe, elle n’aurait pas laissé sa fille avec un gardien, alors il faut rester très vigilant ». Une situation qui met Mme Diop «dans une peur constante ».

Allant jusqu’à dire que les femmes ne sont plus respectées, dans ce pays. « J’ai l’impression que maintenant au Sénégal, quand tu es femme, tu dois être violée et tuée. Moi-même, quand je suis chez moi, j’ai peur parce que je vis seule avec mes enfants, donc le soir j’ai peur ». Pis, cette maman de deux petites filles n’a pas l’esprit tranquille quand «mes enfants sont à l’école. Du coup, j’appelle à 13h quand ils sortent.

Arrivées aussi à la maison, j’appelle pour entendre leurs voix et j’avoue que même avec ça, je ne suis pas rassurée. Il y a cette peur constante qui m’anime. Je me dis souvent que la prochaine victime peut être ma fille », dénonce-t-elle les yeux larmoyants, et tout en invitant les autorités à prendre des sanctions sévères contre les auteurs de ces actes ignobles.

Et pour cela, Mme Diop propose que la peine de mort soit appliquée. Car pour elle, « Violer une femme, c’est la blesser au plus profond de sa chair, et si le meurtre s’y ajoute, seule la mort de l’auteur peut soulager la famille de la victime ». Tel a été le cri de cœur de cette jeune mère. Aissatou, étudiante en licence 3 au département de philosophie, va plus loin en essayant de se mettre dans la tête du violeur car « je n’arrive pas à comprendre comment on peut voir une femme vulnérable, incapable de se défendre et la violer? Et j’avoue que j’ai autant peur chez moi que dans la rue et je sens une détresse et une angoisse énorme », reconnait l’étudiante. Non sans lancer un vibrant appel aux autorités à « protéger davantage les femmes et punir les auteurs de ces actes, quitte à appliquer la peine de mort », dixit l’apprenti philosophe. Khadija Cissé dira elle ne peut qu’être «attristée par rapport à ces meurtres suivis de viol ces derniers temps ». Elle avance qu’elle vit dans une angoisse permanente. Et «j’en discutais avec une amie, lui disant que je vis dans une peur constante, même le soir quand je me promène dans la rue, je vis cette peur et je ne me sens pas en sécurité. C’est devenu un problème psychologique car je me dis souvent que je peux être victime de ces bourreaux», dénonce l’étudiante en Master 2 au département d’anglais. Comme pour dire que la psychose s’empare de plus en plus la gent féminine au Sénégal, suite aux actes barbares de viol suivis méthodiquement du meurtre de la victime.

sudonline /