Libres propos : Du Sénégal au Niger, les moissons puantes de Franck Timis

 

L’affaire Franck Timis continue de défrayer la chronique. L’homme d’affaires roumano-australien est mis en cause dans un scandale portant sur un pot-de-vin d’environ 878 millions de francs CFA versé comme contrepartie financière suite à l’attribution de concessions pétrolières et gazières. Aliou Sall, frère du président Macky Sall est également cité dans ce scandale.

L’affaire a été révélée par nos confrères de la BBC. Ce scandale ne laisse personne indifférent au Niger comme un peu partout dans la sous-région.

Et pour cause : Le magnat australo-roumain a posé ses valises sur les rives du fleuve Niger dès l’accession du président Issoufou au pouvoir en 2011. Selon les dires d’une personnalité qui a requis l’anonymat, l’intéressé a été introduit au palais présidentiel par le défunt Salif Diallo, ancien président de l’Assemblée Nationale du Burkina Faso.

Les moissons…

Fort de ses solides relations avec le président Issoufou et de ses hommes de confiance, Franck Timis a réussi à capter 4 permis de recherche d’uranium et substances connexes sur un périmètre de 1657,9 km2. Ces permis sont les rendus d’AREVA octroyés à la société PAN AFRICAN NIGER LTD filiale de PAN AFRICAN.

A l’issue des délibérations du Conseil des ministres en date du 12 juillet 2013, le Niger a approuvé quatre conventions minières relatives à la recherche sur l’uranium et substances connexes au profit de Franck Timis.

Ces permis correspondent aux rendus d’Areva. Il s’agit de Tagmert 1, Tagmert 2, Ouricha 1 et Ouricha 2, soit un total de 1657,9 km2 dans la région d’Agadez, département d’Arlit. Le 20 septembre 2013, une convention est signée entre le Niger, représenté par le ministre des Mines et du Développement industriel de l’époque, Omar Hamidou Tchiana, et le PDG de Pan-African, Frank Timis. « Le Niger regorge d’énormes potentialités et le peuple a le droit de profiter de ces ressources naturelles », dira ce jour-là Frank Timis.

C’est pourquoi sa société Pan African Niger Ltd a pris l’engagement de faire des investissements sociaux pour environ 1,2 million de dollars.

Selon le gouvernement, Pan African Niger Ltd s’est également engagée à créer plus de 40 emplois, à respecter toutes les dispositions de la loi minière du Niger mais aussi à « investir dans les trois ans suivant la signature de chacune des conventions minières un montant minimum de 5 millions de dollars pour mettre en évidence des cibles et mener toute activité nécessaire au développement de ces cibles afin de prouver l’existence de gisements d’uranium et de substances connexes ».

…puantes

Certains observateurs assimilent sa société à une véritable officine d’affaires qui a fait des tentacules dans la sous-région. Franck Timis a décroché dans une parfaite discrétion et avec habileté, tout ce qu’il est venu chercher au Niger, avant de disparaitre un temps.

Avec la révélation de nos confrères de la BBC, il est même très urgent de fouiller dans les affaires de Timis décrochées sous le régime de la renaissance.

En effet, au moment où nous mettons sous presse, nous n’avions trouvé aucune trace des investissements de Franck Timis au Niger. Mieux, depuis le 7 octobre 2017, les permis octroyés sont arrivés à la fin de leur première période de validité.

La société n’a pas respecté ses engagements pris lors de la signature des conventions et curieusement, le gouvernement nigérien ne s’est pas empressé à retirer ces permis très convoités comme il l’a fait dans d’autres cas similaires.

Nos confrères du journal « Le Monde » décrivent Franck Timis comme « un homme d’affaires australo-roumain au passé obscur qui a dirigé plusieurs sociétés minières et fréquente des chefs d’Etat africains, du Burkina Faso à la Sierra Leone. Ses entreprises minières, dont plusieurs ont fait faillite ont été accusées de corruption et de non-respect des droits humains ».

BBC dit que l’homme d’affaires roumain a été condamné à deux reprises pour avoir fourni de l’héroïne dans les années 90 et impliqué dans une série de projets miniers infructueux en Afrique de l’Ouest.

Parmi les deux sociétés minières qu’il a cotées à la Bourse de Londres, l’une a été accusée de violation des droits de l’homme et l’autre a été frappée de la plus grande amende jamais infligée par la bourse, pour avoir induit en erreur les investisseurs.

Ce tableau sombre de ce personnage doit amener les nigériens à s’interroger si Franck Timis ne s’est pas appuyé sur les renaissants en utilisant les mêmes subterfuges pour gruger le peuple nigérien.

Moussa Aksar /iGFM