Tambacounda : journée de la banane, les producteurs inquiets de l’arrivée des grands investisseurs.

 

Les producteurs de bananes affiliés à l’Aprovag, association des producteurs de la vallée du fleuve  Gambie ont célébré pour la première édition, la journée dite de la banane. L’objectif, explique le sg de l’association, est de partager avec tous les acteurs et les populations, ce qui se passe dans la filière mais aussi de ses opportunités et autres inquiétudes.

La première édition de la journée dite de la banane a vécu ce 10 décembre à Tambacounda. Organisée par l’Aprovag avec comme thème central ” l’agroecologie, une niche d’opportunités pour l’employabilite des jeunes, ” la journée a vu la participation de ténors de la filière dont le roi lui-même. “Quand on parle de culture d’arachide, l’on pense à la région de Kaolack. Idem pour le coton qui est référencé à la région de Kolda”, a laissé entendre Mamadou Omar Sall. Toutefois aussi, précisera le roi de la filière banane, quand il est évoqué la culture de la banane, c’est Tambacounda qui est au devant de la scène. Ce qui à son avis donne tout son sens à la journée. La région participe pour près de 80% dans la production nationale de bananes, a laissé entendre, Sall Banana, pour les plus intimes. Il est bon et très normal de dédier une journée à la filière pour mieux pencher sur les défis et autres contraintes à surmonter pour l’atteinte de l’autosuffisance. Cette célébration est aussi une occasion pour l’Aprovag de fêter 31 ans d’existence. Mamadou Ciss, Sg de Aprovag signifiera que l’arrivée des gros investisseurs qui ont beaucoup plus de moyens est en train de porter un coup dur au secteur. Depuis leur arrivée, explique-t-il, le prix de la banane qui était à 200f est en train de baisser. Aujourd’hui, les productions s’achètent à 175f le kg, au grand dam des producteurs. D’où son appel à une intervention de l’état pour régler et réguler le secteur. Autre difficulté évoquée, le conditionnement des produits. Les productions enregistrées par les membres de l’association flirtent avec les 4000 tonnes en ce qui concerne la banane vrac. Cependant, note-t-on, pour la banane conditionnée, c’est-à-dire celle qui a suivi normalement tout le processus de conditionnement, le taux n’est qu’à moins de 10%. Seuls 7% de la production totale de l’association sont conditionnés, s’est désolé le sg. Si l’état accompagnait davantage la filière en dotant les producteurs de stations de conditionnement en nombre suffisant et en mettant en application ses directives relatives à la mise à disposition des producteurs de terres arables, nul doute que l’autosuffisance sera au rendez-vous. Nous avons la meilleure qualité de la banane. La nôtre est de loin meilleure que celle importée. Seulement, il nous faut encore un accompagnement de l’état pour une rapide atteinte de l’autosuffisance en bananes. Et cela passera par l’agroecologie. Pour Mr ciss, elle est la meilleure solution pour permettre aux petits producteurs de survivre. Mieux, a ajouté le sg de l’association des producteurs de bananes, elle est une véritable niche d’emplois. L’orientation stratégique de Aprovag est l’agroecologie, a insisté son Sg. Si elle n’est développée, la culture de la banane pourrait en pâtir, conseille-t-il.

Germaine Dione, une icône de la filière.

Les producteurs n’ont pas seulement organisé la journée pour parler des difficultés et des défis. L’occasion est aussi mis à profit pour célébrer et honorer une icône de la filière. La dame Germaine Dione a été l’absente la plus présente à la cérémonie. Combattante de la cause de la femme et figure de proue de la filière, les producteurs lui ont rendu un hommage mérité. Elle a été celle qui s’est tout le temps battu pour l’accès à la terre aux femmes. L’exemplarité de ses exploitations agricoles ont aussi fait d’elle de don vivant, une dame respectée dans le secteur. Aujourd’hui, nous ne pouvions pas célébrer la journée sans avoir une pensée pieuse pour elle. Qu’elle repose en paix, a prié Ciss.

Par Abdoulaye Fall / www.tambacounda.info /