Tambacounda: “Si la communauté n’agit pas, le combat risque d’être perdu” (prof Seydi)

 

Moussa Seydi, qui s’est rendu hier au Centre de traitement des épidémies (Cet) de Tambacounda, n’a pas caché son inquiétude sur la multiplication des cas communautaires qui risquent d’être l’étincelle qui va tout embraser s’ils ne sont pas maîtrisés à temps.

Tête d’affiche de la lutte contre le coronavirus, Pr Moussa Seydi s’est rendu hier au Centre de traitement des épidémies (Cte) de Tambacounda. Sur place, il a montré sa satisfaction devant «la prise en charge somatique et psychologique des malades» en estimant que le «centre est adéquat et pourrait même être mieux amélioré». Mieux, il avance que Tamba «doit avoir un centre spécialement dédié au traitement des épidémies dans la région. Ce qui faciliterait la prise en charge». Vu la situation, le directeur du Service des maladies infectieuses de Fann avance que «Tambacounda n’a pas besoin d’évacuer un malade du coronavirus à Dakar ou vers toute autre localité». Pourquoi ? «Il y a une bonne prise en charge des malades et leur situation est stable. Sur le plan nutritionnel et psychologique aussi, ils sont bien pris en charge.» Il faut savoir que la région de Tambacounda compte 30 cas positifs au Covid-19.
Aujourd’hui, le scientifique interpelle les populations dont l’implication est essentielle pour couper la chaîne de transmission. «La communauté a un grand rôle à y jouer. Les autorités sont engagées et il va falloir que la communauté elle aussi soit mieux déterminée. Si elle n’agit pas en conséquence, le combat risque d’être perdu. Avec un peu d’effort de sa part, la pandémie pourra être contenue», poursuit l’universitaire qui est néanmoins préoccupée par la progression des cas communautaires.
Il dit : «C’est à ce niveau que se situe aujourd’hui la bataille. Avec la fermeture des frontières, les cas importés sont maîtrisés. Le goulot d’étranglement demeure maintenant, ces cas dits communautaires. Les études ont montré qu’un cas communautaire pourrait en un mois contaminer plus de 400 personnes. Si on n’y prend garde, ils risquent d’être l’étincelle qui embrasera le brasier. Et c’est tout le sens de la participation de la communauté à la lutte, en respectant les mesures barrières, et surtout rester chez soi, ne sortir qu’en cas de besoin tout en se protégeant.» Quid du traitement appliqué aux malades, à savoir l’utilisation de la chloroquine prônée par le controversé infectiologue français Didier Raoult ? «Je l’ai adopté par rapport à des notions scientifiques qui me sont propres et c’est en train de payer. Les résultats sont là. Toutefois, s’il y a quelqu’un à féliciter, c’est le Professeur Raoult», précise-t-il.
Par ailleurs, Pr Seydi a montré son adhésion à la décision du gouverneur de Tambacounda qui a adopté un dépistage massif des personnes. «Aujourd’hui, relève le Professeur, si l’Allemagne comme la Corée ont réussi à contenir la maladie, c’est parce qu’elles font tout pour dépister le maximum de personnes. Aujourd’hui, il est en train d’être fait beaucoup de dépistages», dit-il en l’illustrant par le record de 35 cas enregistrés hier dus par le nombre élevé de personnes testées.

Abdoulaye Fall / www.tambacounda.info /