[INTERVIEW] Tenue de la Safra-Ao à Tambacounda : Papa Banda Dièye sans frontières.


L’importance de la Semaine de l’amitié et de la fraternité en Afrique de l’Ouest (Safra-Ao), créée en 1982, réunissant le Sénégal, la Gambie, la Mauritanie, la Guinée, le Mali et la Guinée-Bissau, à travers les villes de Tambacounda, Basseh, Sélibabi, Boké, Kayes, Gabou, n’est plus à démontrer dans l’espace ouest-africain. C’est un trait d’union entre ces différents pays en cette période pourtant trouble. Beaucoup de ses membres l’ont soutenu et affirmé lors de cette 31ème édition que la ville de Tambacounda a abritée cette semaine. Pape Banda Dièye, maire de Tambacounda, qui a abrité l’évènement, et par ailleurs président du Réseau des maires de la Safra-Ao, semble être en avance sur ses collègues maires. Il soutient qu’il «faut aller vers la mutation de la Safra en une Ong internationale avec un accord de siège au Sénégal».

 

Propos recueillis par Abdoulaye FALL

 

Tambacounda.info: Nous sommes à la fin de la 31ème édition. Quels ont été les temps forts de cet évènement ?

Il y a quatre temps forts. Le premier est sportif, et il a pour objectif de créer une saine émulation entre les jeunes de l’espace Safra et de forger un élan de solidarité et de sportivité. Le second est essentiellement culturel car les membres du bureau d’organisation ont parfaitement compris que l’Homme est naturellement culturel et culturellement naturel. Ici, il est question de mettre en exergue les identités et différences entre les peuples de l’espace Safra et de s’accepter comme tel à travers leurs riches et variés patrimoines culturels. Le troisième temps fort est indiscutablement le plus en vue, c’est celui ayant trait au symposium devant traiter des questions de paix, de sécurité et de pollution de la Falémé qui commence sérieusement à empêcher le sommeil des justes aussi bien du côté du Sénégal que du côté du Mali. Le quatrième temps fort est la foire économique qui voit les femmes transformatrices et commerçantes exposer des produits de qualité devant favoriser les échanges commerciaux au sein de l’espace Safra.

Tambacounda.info: Des gens plaident pour qu’il soit donné à la Safra le statut d’Ong internationale, êtes-vous en phase ?

Absolument, et je fais partie des premières personnes à y croire dur comme fer. La Safra a connu quatre décennies de rencontres sportives, culturelles et de frottements intellectuels. Et c’est le lieu de saluer ses concepteurs. Ces aspects doivent demeurer, mais mon intime conviction est qu’il faut évoluer vers la création d’une Ong internationale avec un accord de siège au Sénégal.

D’ailleurs, le Premier ministre, dans sa communication au Conseil des ministres de ce 27 décembre, a évoqué la Safra. Cette Ong dont je parle, aura un siège dans chaque ville membre et elle va concevoir et mettre en œuvre des programmes transfrontaliers tels que l’écotourisme, la transition énergétique, la gestion de l’environnement, la lutte contre le paludisme, la gestion des mouvements migratoires, l’exploitation des ressources minières. Avec une attention toute particulière sur les minerais de transition que des multinationales viendront à coup sûr chercher chez nous. Cette Ong va aussi promouvoir la formation et l’emploi, et sera l’organisatrice des festivités culturelles et sportives avec le concours de partenaires financiers et techniques bien identifiés. En ma qualité de président du Réseau des maires de la Safra, je vais impulser cette dynamique en faisant concevoir une note conceptuelle.


Tambacounda.info: En dehors du thème, vous avez évoqué lors du symposium, le cas de la Falémé, la sécurité transfrontalière et autres questions d’actualité. Quelles sont les conclusions ?

Je ne voudrais point me pencher sur des questions d’ordre strictement sécuritaire. Car vous conviendrez avec moi qu’il y a des agents commis à cela. Ce que je pourrai en revanche dire, c’est que les seules Forces de défense et de sécurité ne sauraient transcender les problèmes de sécurité. Il faut que les populations, à un certain niveau, s’impliquent. Il est bon de savoir que quand le Mali tousse, le Sénégal, la Guinée et la Mauritanie éternuent. Et quand le Sénégal éternue, la Gambie et la Guinée-Bissau vont tousser. Donc, il y a lieu de renforcer la coopération transfrontalière pour maximiser les chances en vue de mieux faire face aux différentes menaces.

Le cas de la Falémé a en effet retenu toutes les attentions tellement que le degré de son agression est devenu alarmant du fait de l’exploitation artisanale de l’or. Il a été retenu le fait de concevoir et de dérouler un programme commun entre les pays que cet important cours d’eau traverse. L’Omvs a bouclé une importante étude sur la Falémé, le comité scientifique de la Safra va provoquer une rencontre avec cette organisation afin de pouvoir assister à la restitution de cette étude et de trouver une base de collaboration sur cet épineux phénomène. Il faut souligner que le Bafing et le Bakoye en République de Guinée subissent le même sort et il va falloir aussi s’y pencher. D’où toute la pertinence d’ériger la Safra en une Ong internationale.


Tambacounda.info: La problématique de l’émigration clandestine, l’avez-vous abordée ?

Non, pas spécifiquement. Certainement que cette importante question sera inscrite à l’ordre du jour lors du prochain symposium.

Propos recueillis par Abdoulaye FALL