Tambacounda : abandon de l’excision, 29 villages de Dialacoto ont enterré les couteaux et les lames mortels.

Le village de Dialacoto, chef-lieu de la commune éponyme situé dans le département de Tambacounda, a été le point de convergence des populations de la contrée. Elles devaient s’y retrouver pour signifier leur décision et leur ferme engagement de mettre un terme à la pratique de l’excision. 29 villages s’y sont retrouvés,  ce 1er décembre, pour lire la déclaration conjointe en présence du préfet du département de Tambacounda, du maire de Dialacoto et des responsables de l’Ong Tostan, maîtresse d’œuvre de la cérémonie.
Fini la pratique de l’excision dans les contrées de la commune de Dialacoto dans le département de Tambacounda. Les exciseuses ont décidé de casser les couteaux et autres matériels qu’elles utilisaient pour pratiquer l’excision. ” Il n’y en aura plus “, ont-elles martelé. Convaincues par les équipes de mobilisation sociale mises en place et encadrées par l’Ong Tostan, des dangers de la pratique de l’excision. Ces femmes et les populations ont décidé de tout arrêter. Les couteaux sont cassés et enterrés. Aujourd’hui, elles se sont données Rv à Dialacoto pour lire la déclaration commune d’abandon, devant le préfet qui a présidé la cérémonie.
Les localités de Dialacoto, Mansadala, Gamon, Gourel Pâté, Tenghoto, Balacounda, Madina Baoussa, Barkatou, Bandiagara, Taibatou, entres autres villages, ont décidé de mettre un terme à la pratique de l’excision. Ils sont 29 villages à  se sont retrouvés à Dialacoto sous la direction de Tostan et de ses équipes. Pour lire la déclaration commune d’abandon de la pratique.
Mariama Baldé du village de Soukouto, a lu la déclaration en français, Penda Barry l’a faite en Pulaar avant que Sira Dansokho n’en fasse autant pour la communauté mandingue.
” Nous populations des 29 villages de la Commune de Dialacoto, prenons l’engagement solennel, en ce 1er décembre 2024, en toute connaissance de cause, d’abandonner définitivement la pratique de l’excision et des mariages d’enfants au sein de nos communautés “, a martelé, en substance, la jeune fille. Nous connaissons les dangers qu’elle cause à la femme. Grâce aux équipes de Tostan qui nous ont ouverts les yeux, nous savons mieux sur la pratique. Raison pour laquelle, nous avons décidé de tout abandonner. Aujourd’hui, ce que nous regrettons, c’est de l’avoir pratiquée, s’est désolée, la jeune fille.
Toutefois, elle a dit tirer le chapeau à l’Ong Tostan et à ses partenaires ainsi qu’aux équipes sur le terrain pour leur avoir ouvert les yeux sur les conséquences de l’excision.
A l’administration territoriale et aux autorités municipales et locales, Mariama Baldé les remercie pour leur soutien indéfectible à la réussite de la cérémonie.
Grâce au partenariat entre Tostan, l’Unfpa et le gouvernement du Sénégal, 29 villages de la Commune de Dialacoto ont décidé de déclarer publiquement leur abandon de l’excision, a expliqué, la directrice du partenariat de Tostan. Carina Ndiaye de marteler, la pratique de l’excision constitue une atteinte grave à l’intégrité physique et morale des femmes et des filles. C’est pourquoi, son Ong travaille inlassablement à son abandon. A ce jour, informe-t-elle, 7.187 communautés, dans le Sénégal, ont toutes déclaré avoir banni la pratique. Carina Ndiaye de souligner que des avancées notoires sont noyées dans la lutte entre 2019 et 2023. Ce qui a fait que chez les femmes excisées de la tranche d’âge 15-49 ans, le pays est passé de 25,2% en 2019 à 12,9% en 2033.
La directrice du partenariat de Tostan précisera tout de même que cette cérémonie regroupe 29 nouveaux villages déclarants et 6 villages ayant fait leur déclaration depuis 2003. Les 6 nouveaux participent pour confirmer leur engagement, éclaire, Carina Ndiaye.
Avant de réaffirmer que cette déclaration publique n’est pas une fin en soi. Elle contribue au processus d’accélération du mouvement d’abandon de l’excision initié depuis 1997.
Par Abdoulaye Fall