
À Diyabougou, malgré l’or qu’il regorge, il n’y a rien dans le village. Tout ou presque y est urgence. Les conditions de vie y sont extrêmement difficiles. Il n’y a pas d’eau courante, l’accès relève du parcours du combattant. Il y a presque aucune route. Le village est actuellement presque coupé du reste de la commune de Sadatou dont il dépend. Le poste de santé, outre l’étroitesse des locaux, ne possède pas d’ambulance. Les évacuations sanitaires constituent un véritable casse-tête. Les responsables de Pastef, conscients de la situation, ont dirigé une marche pour exiger de meilleures conditions d’existence.
Diyabougou est un village situé dans le département de Bakel, dans la commune de Sadatou. La localité est frontalière du Mali, à un jet de pierre de la Falémé. Il ne faut moins de 5 minutes de navigation pour se retrouver en territoire malien. La région regorge d’or dans son sous-sol, ce qui attire de nombreuses populations, surtout celles des pays limitrophes. Malgré cela, la localité vit dans la pauvreté. Il n’y a presque rien : aucune infrastructure sociale de base, aucune perspective de formation pour les jeunes et les femmes. En outre, comme le soulignent des populations très outrées, accéder à la localité relève du parcours du combattant, surtout en période d’hivernage. Actuellement, expliquent-ils, « nous sommes coupés du reste de la commune, voire du pays. »
Les populations de Sadatou auraient dû participer à la marche. Malheureusement, le marigot qui sépare les deux localités est plein, ce qui empêche leur déplacement. « C’est vraiment épuisant », fulminent-elles. « Nous avons voté pour Pastef en espérant un changement. Cependant, jusque-là, nous continuons de galérer. » Les populations gardent encore espoir, mais, alerte Sadio Macalou, le chef de village : « Nous sommes fatigués. »
Sambala Dansokho, le coordonnateur de Pastef dans la région, renchérit : « Malgré l’or exploité dans la localité, les populations vivent dans la misère. » Il déplore qu’il n’y ait pas de route. À ce jour, ils ne peuvent plus accéder au chef-lieu de la commune, Sadatou. Le marigot, ayant rejeté son trop-plein d’eau, a submergé la route. Il est urgent de construire un pont à cet endroit, sinon, l’accès à la commune sera suspendu sine die.
Autre problème soulevé par les populations : le manque d’eau courante. Elles continuent de s’approvisionner aux puits ou au fleuve, malgré la pollution. « C’est difficile », souligne Sambala Dansokho. Ce dernier appelle de toutes ses forces à une réaction des autorités centrales.
La sécurité constitue également un enjeu crucial. Situé à un jet de pierre du Mali, avec des attaques djihadistes fréquentes, Diyabougou aurait besoin d’un cantonnement militaire ou, à défaut, d’une brigade de gendarmerie, ont plaidé les marcheurs. « Vu la situation, nous sommes presque laissés à nous-mêmes », déplorent-ils. « L’État doit corriger cette erreur. On ne peut pas être frontalier d’un pays en proie à des attaques et ne pas disposer de forces de défense à nos côtés. C’est inadmissible. » Les populations ont exigé : « Diyabougou réclame son cantonnement militaire. »
Comme si cela ne suffisait pas, la santé est également très dégradée à Diyabougou. Il n’y a pas d’ambulance dans le poste de santé. Les conditions de travail des infirmiers y sont très difficiles, sans parler de l’étroitesse des locaux. Tout cela pousse les populations à réclamer une intervention urgente des autorités.
Marieme Diakité, représentante des femmes du village, conclut : « Nous sommes fatiguées, à Diyabougou. » Elle déplore que les femmes n’aient rien et vivent comme au Moyen Âge.
Par Abdoulaye Fall