
Des jihadistes d’Al-Qaïda ont pris le contrôle de la localité stratégique de Farabougou dans le centre du Mali, imposant leur loi aux habitants, une semaine après s’être emparés du camp militaire de la ville, a appris jeudi l’AFP de sources locales.
Dans un contexte de recrudescence des violences jihadistes dans ce pays sahélien, la prise de Farabougou revêt un caractère symbolique. Une des premières mesures de la junte qui a pris le pouvoir en 2020 avait été de mettre fin au blocus jihadiste sur ce village de plusieurs centaines d’habitants.
La prise a été revendiquée par les jihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM en arabe) affilié à Al Qaïda, dans des messages publiés sur sa plateforme de propagande Al-Zallaqa.
Des élus locaux qui ont fui les lieux ont confirmé à l’AFP jeudi que Farabougou était passé sous le contrôle du JNIM.
La semaine dernière dans cette localité, l’armée avait dû déserter son camp militaire, un des plus importants de la région, après une attaque des jihadistes.
Depuis l’armée n’est pas intervenue pour reprendre le contrôle du village ou de sa base et les autorités ont simplement reconnu une attaque sur cette position militaire sans donner de bilan.
Farabougou, située à quelque 400 kilomètres au nord de Bamako, est également stratégique du fait de sa position centrale dans la région de Ségou (centre).
Après la prise de cette position militaire, les civils ont commencé par fuir la ville mais une partie d’entre eux commencent à revenir, acceptant de vivre sous la loi jihadiste, selon des habitants contactés par l’AFP.
“Le chef du village a signé avec les jihadistes pour dire que nous allons respecter leurs lois. Donc ils ont dit que nous pouvions revenir”, a raconté à l’AFP un habitant joint par téléphone qui précise que l’armée n’est toujours pas revenue.
“Que voulez-vous que les habitants fassent? Certains n’ont nulle part où aller”, souligne un élu de la région.
Les habitants de Farabougou doivent désormais payer un impôt au JNIM et se plier à ses règles: interdiction de musique profane, de cigarettes ou d’alcool ou encore interdiction pour les femmes de sortir sans se couvrir la tête.
Depuis 2012, le Mali fait face à une profonde crise sécuritaire nourrie notamment par les violences de groupes affiliés à Al-Qaïda, de l’organisation État islamique (EI), ainsi que de groupes criminels communautaires.