
Au poste de santé des Abattoirs Complémentaire, situé en périphérie de la commune, il n’y a pratiquement rien. La structure ne dispose d’aucun matériel. Pire encore, les femmes qui doivent accoucher sont allongées au sol, à la japonaise, explique l’infirmier en chef du poste. Une situation qui a suscité la réaction des membres du mouvement Tout Tambacounda (TTC), déterminés à mettre fin à ce calvaire. Très sensibles au sort des femmes enceintes, ils ont offert un lit d’accouchement flambant neuf.
Le souci d’une équité sanitaire pour tous a poussé le mouvement TTC à apporter un réel soutien au poste de santé d’Abattoir Complémentaire. Les camarades de Daouda Ma-Enil Camara ont ainsi offert une table d’accouchement neuve, de dernière génération.
Ce poste dessert une population de 23 330 personnes, la plus importante en termes d’habitants dans la région. Pourtant, selon l’infirmier en chef, la structure ne possède rien. « Selon Thierno Diallo, le poste ne dispose d’aucun matériel médical. » Inauguré en grande pompe par le ministre de la Santé lui-même, cette inauguration annonçait une dotation en matériel médical de dernière génération. Mais force est de constater que cela n’a pas été réalisé, « que nenni » !
« Les femmes accouchent à la japonaise », c’est-à-dire sur un tatami à même le sol, confie l’infirmier en chef. Une situation qui interpelle les responsables du mouvement Tout Tambacounda.
Interpellés, les membres de TTC, dirigés par Daouda Ma-Enil Camara, ont réagi rapidement. « Nous avons immédiatement trouvé un lit d’accouchement neuf et de dernière génération pour la structure », explique-t-il. « Nous sommes très sensibles aux doléances de l’infirmier en chef et des populations riveraines. » Lorsqu’un tel poste ne peut garantir un minimum de confort aux femmes enceintes, cela devient préoccupant. « C’était difficile pour elles, presque à terre », témoigne Daouda Ma-Enil Camara.
C’est pourquoi, lorsqu’on leur a sollicité, ils n’ont pas hésité à agir. « TTC est un mouvement dédié au développement de toute la région, sans distinction aucune. Tout ce qui contribue à l’épanouissement de la région et de ses populations relève de notre volonté », ajoute-t-il.
En ce 21e siècle, il est inconcevable qu’un poste de santé ne dispose pas de matériel médical adéquat, dénonce le président du mouvement TTC. « Quand nous avons entendu les déclarations de l’infirmier en chef, nous sommes restés sidérés. » Il poursuit : « Dans cette structure, tout est urgent. »
L’infirmier en chef qualifie le poste de « quasi vide », ajoutant : « Nous avons hérité d’un poste dans un état déplorable. »
« Malheureusement, en matière de santé, on ne peut pas fonctionner sans matériel », insiste-t-il. « C’est vraiment difficile. » Il explique que les accouchements se faisaient à la japonaise, c’est-à-dire sur un tatami à même le sol. « Au mois d’août dernier, plus de 12 accouchements ont eu lieu dans des conditions que vous pouvez imaginer », rapporte-t-il.
Il souligne enfin : « La table d’accouchement que nous avons offerte est un véritable bijou. Nous en avions grand besoin, tant pour la structure que pour les populations. »
Le geste du mouvement TTC a une portée humanitaire inestimable. « Nous prions pour le plein épanouissement de ce mouvement, très bénéfique pour les populations », déclare l’infirmier en chef.
Grâce à leur soutien, la prise en charge des accouchements devrait connaître une amélioration significative. « Nous leur tirons notre chapeau », conclut-il.
Cependant, il insiste : « L’État doit fournir le matériel nécessaire pour assurer une vraie prise en charge. »
« Aucun matériel n’a été remis jusqu’à présent, malgré l’inauguration officielle par le ministre avec tous les honneurs », déplore-t-il. « Il avait promis un acheminement rapide du matériel, mais cela n’a jamais été réalisé. »
Le poste ne dispose même pas d’une clôture. Il n’y a pas de gardien de jour, seul un logement a été cédé à la sage-femme. « Je loge dehors et je dois faire plusieurs fois la navette chaque jour entre le poste et chez moi. C’est vraiment incroyable », regrette-t-il.
Abdoulaye Fall /