Depuis plusieurs semaines, société civile, organisations de défense des droits humains et acteurs politiques de l’opposition ruent dans les brancards pour exiger la libération provisoire de Farba Ngom dont le maintien en détention, selon un rapport d’expertise médical circonstancié, serait un danger pour sa vie. Prenant de cours tout le monde et confortant le parquet dans sa position de refus systématique, l’ancien procureur de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), Alioune Ndao fait de graves révélations qui entacheraient, selon lui, la crédibilité de l’expertise médicale dans cette affaire.
Invité de l’émission hebdomadaire du journaliste Maïmouna Ndour Faye sur la 7TV (“l’Invité de MNF”), hier mercredi 10 septembre 2025, procureur Ndao justifiant le maintien de Farba Ngom en détention évoque une « supercherie » que font certains détenus pour obtenir une libération provisoire sur la base de rapports médicaux qui ne sont pas digne de foi.
Évoquant le cas Bibo Bourgi dans la traque des biens supposés mal acquis sous Macky Sall, Ndao, à l’époque chef du parquet spécial, rappelle que ce dernier – considéré comme le principal prête-nom de Karim Wade – jouait au malade imaginaire et avait d’ailleurs comparu sur une civière face au refus du parquet de lui accorder une liberté provisoire.
Pire encore, d’après le procureur à la retraite, « dans l’affaire Farba, on me dit que le médecin qui a officié dans l’affaire Bibo Bourgi est le même qui officie dans ce dossier».
Poursuivant, M. Ndao rajoute une nouvelle encore plus renversante : « On me dit même que ce médecin ne figure pas sur le tableau de l’Ordre des médecins. Les magistrats du Pool judiciaire financier soupçonnent une supercherie », lâche l’ancien magistrat, se gardant de dévoiler son nom.
La réplique salée de Dr Mbaye Paye
Sur la base de ces informations d’une gravité extrême, Seneweb a mené une petite enquête pour lever le voile sur l’identité de ce supposé « médecin faussaire ». Nos investigations nous ont poussés à contacter le Dr Mbaye Paye. Ce spécialiste en cardiologie, dont la réputation n’est plus à démontrer, a aussi bien officié dans l’affaire Bibo Bourgi et dans le dossier Farba Ngom.
Joint par téléphone, le cardiologue a invité l’ancien procureur à être plus clair dans ses allégations en citant un nom. « Qu’il cite un nom ! », a martelé le Dr Paye.
« J’ai fait la première expertise sur Bibo Bourgi. Ensuite, il y a eu la contre-expertise et ils l’ont libéré. Sur Farba Ngom, je n’ai pas fait d’expertise. J’ai fait le premier rapport médical avant son arrestation », souligne-t-il.
En résumé, ce premier rapport qui s’est retrouvé sur la place publique contre le gré du médecin tenu par le secret médical, révèle : un haut risque cardiovasculaire, un état de santé qui nécessite une hygiène de vie ; un suivi médical cardiologique, diabétologique et urologique régulier ; un état qui nécessite une exposition au stress limité, une alimentation saine et équilibrée et une activité sportive régulière.
La contre-expertise demandée par le parquet du PJF a été confiée à un collège pluridisciplinaire composé du professeur Serigne Maguèye Guèye (urologue), du professeur Papa Saliou Mbaye (hépato-gastro-entérologue) et du professeur Ousmane Dièye (cardiologue). Ces derniers ont évalué la compatibilité de l’état de santé de Farba Ngom avec la détention. Les résultats issus de cet exercice confirment le rapport établi par le Pr. Mbaye Paye.
En effet, les spécialistes ont, à leur tour, identifié : un syndrome d’apnée obstructive du sommeil à un stade sévère, un haut risque cardiovasculaire, une cardiopathie débutante, un diabète ancien mal équilibré et une obésité préoccupante. Un tableau clinique qui expose le député-maire de Agnam à un danger immédiat. Le président du collège des juges d’instruction du Pool judiciaire financier doit d’ailleurs rendre sa décision concernant la demande de liberté provisoire de Farba Ngom, ce jeudi 11 septembre 2025.
« Faux médecin » dans l’affaire Bibo Bourgi
S’agissant de l’affaire Bibo Bourgi, des accusations d’exercice illégale de la médecine avait bien été portées contre le Dr El Ali Hachem Djab (il s’était opposé à la comparution de son patient Bourgi) par son associé de la clinique du Cap, Dr Youssou Diallo. Ce dernier, qui s’est basé sur une lettre confidentielle que Me Yérim Thiam (avocat de l’État dans l’affaire des biens mal acquis) lui avait transmise, a porté plainte contre son associé Dr Hachem qu’il accuse d’être un ‘’faux-urgentiste réanimateur’’.
Des accusations qui ont été balayées d’un revers par la cour. Le Dr Diallo avait été reconnu coupable de dénonciation calomnieuse et a été condamné à six mois assortis de sursis et à payer la somme de 10 millions F CFA en guise de dommages et intérêts au plaignant.
Le procureur Ndao, qui semble faire allusion à cette affaire, est donc invité par le Pr. Paye à dévoiler l’identité du présumé faussaire.
Seneweb.com
