
À Ballou, émoi et consternation règnent parmi les habitants en raison de la crue du fleuve. Plusieurs maisons sont actuellement sous les eaux après des lâchers d’eau. Comme si cela ne suffisait pas, a indiqué le maire Cheikhna Camara, de nouveaux lâchers sont annoncés dans la nuit de vendredi à samedi, puis dimanche, et cette fois-ci avec de grandes quantités. « Catastrophique », s’est-il exclamé. Malgré cela, aucun soutien de l’État n’est parvenu : c’est la solidarité familiale qui permet aujourd’hui de secourir et d’aider les sinistrés, a-t-il expliqué.
Dans cette partie du département de Bakel, la situation est véritablement catastrophique. Les habitants des localités de Ballou, Aroundou, Yafera, Golmy et Kounghani sont désorientés : ils sont submergés par la montée du fleuve. Les récents lâchers d’eau en sont la cause, a précisé le maire. Les eaux ont envahi des habitations et inondé plusieurs dizaines de maisons dans les localités citées, laissant de nombreuses familles sans abri.
« La situation est indescriptible », s’est alarmé Cheikhna Camara. Aujourd’hui, des routes sont complètement coupées, des maisons se sont effondrées, d’autres sont carrément englouties par les eaux. Pour se déplacer dans les rues des localités, il faut une pirogue ; même les évacuations sanitaires s’effectuent par pirogue, le niveau des eaux étant très élevé.
Quid des terres agricoles ? Elles ont été les premières dévorées par les crues. Des centaines d’hectares de terres emblavées sont aujourd’hui sous les eaux depuis les premiers lâchers. Les agriculteurs sont à l’arrêt, sans aide ni accompagnement, laissés à eux-mêmes.
Après les terres agricoles, les crues ont atteint les habitations. Certaines ne sont pas encore submergées, mais beaucoup se sont effondrées, a déploré le maire. Depuis mercredi, de nouvelles inondations ont touché la commune de Ballou. Malheureusement, a-t-il ajouté, de nouveaux lâchers d’eau sont annoncés pour cette nuit et demain encore, et ils seraient plus importants. Les populations sont donc consternées et très déboussolées.
Les premières victimes ont déjà investi les écoles et quelques lieux publics ; il ne reste presque plus d’endroits pour reloger les sinistrés, ce qui compromet l’ouverture des classes prévue lundi prochain. « Ici, il n’est pas possible de parler de rentrée des classes : l’urgence est ailleurs », a martelé Cheikhna Camara.
Malgré la situation catastrophique, l’État n’est pas présent. Les habitants vivent stoïquement leur drame. On leur a promis des tentes pour reloger les sinistrés, mais rien n’est arrivé. Aucun appui en médicaments ni en produits d’hygiène n’a été fourni. Rien n’est fait pour accompagner les populations dans la détresse. C’est affligeant.
Pour reloger les sinistrés, ce sont les familles non encore impactées qui ont déployé la solidarité : chaque famille tente d’héberger des sinistrés, parfois dans des conditions très difficiles. L’État est carrément absent. Ballou mérite un plan ORSEC : les populations sont épuisées.
Abdoulaye Fall /