
La grève des agents de la Justice a de lourdes répercussions sur la vie des citoyens. En plus de l’indisponibilité des documents nécessaires au sein des tribunaux, c’est tout le système judiciaire qui est paralysé. De nombreuses décisions de justice ne sont pas rendues, car les jugements restent bloqués dans les bureaux des greffiers, causant ainsi un préjudice considérable aux populations qui en souffrent le plus.
«Depuis près de deux mois, les auxiliaires de Justice sont en grève. Malheureusement, ils ont encore prolongé cette mobilisation lundi, pour une nouvelle période de 72 heures. Qui sait jusqu’à quand cela durera ?» s’interroge Bounama Kanté, profondément irrité par la continuité de cette grève. Selon lui, «les populations traversent des moments difficiles en raison de ce mouvement». La majorité des documents essentiels sont indisponibles, ce qui entrave le bon fonctionnement de la Justice. «Actuellement, beaucoup de nos jeunes voient certaines opportunités leur échapper, faute de documents tels que les certificats de nationalité, les casiers judiciaires, et autres», déplore-t-il.
Autrefois, les populations des régions de l’intérieur du pays souffraient déjà du manque de personnel dans les juridictions. Aujourd’hui, elles doivent aussi faire face aux conséquences de ce mouvement de protestation. Alors que les discussions stagne et que l’incertitude plane sur la fin de la grève, il devient urgent que l’État intervienne. Il est crucial qu’il engage le dialogue avec toutes les parties concernées et évite un bras de fer qui ne pourrait qu’aggraver la situation. Il faut souligner que ce sont principalement les populations qui en subissent les effets. Elles ont droit aux services publics de la Justice, mais la situation actuelle les laisse à l’écart. Elles sont, sans aucun doute, les principales victimes de ce conflit.
Aujourd’hui, l’État doit tout mettre en œuvre pour que ces services soient rétablis et accessibles aux citoyens. « Il appartient à l’État de veiller au bon fonctionnement de l’administration, tout en respectant les droits et devoirs des travailleurs », indique Bounama Kanté. À Tambacounda, l’usure face à cette situation est palpable, la population étant profondément fatiguée de cette série de grèves.
Un autre impact majeur de la grève concerne l’indisponibilité des décisions de justice dans les tribunaux, avec des délais de délibéré repoussés. «Aujourd’hui, déplore l’ancien adjoint au maire de Tamba, de nombreuses personnes continuent de languir en prison simplement à cause de la grève des greffiers. Les audiences se déroulent, les dates de délibération sont fixées, mais malheureusement, les décisions ne peuvent pas être prononcées en l’absence des greffiers. C’est une situation extrêmement difficile. Tout le monde connaît la dureté de la détention en prison. Maintenir des individus en prison pour des raisons liées à la grève est incompréhensible. À Tambacounda, nous ressentons profondément les effets de cette crise, avec beaucoup de peine », insiste Bounama Kanté. Il lance un appel à tous les acteurs de l’État et de la Justice pour qu’ils se retrouvent afin de mettre fin au calvaire des populations.
Rencontré à l’entrée du Palais de justice, un citoyen exprime son désarroi face à la situation : «Cela fait presque deux semaines que j’essaie d’obtenir un casier judiciaire. À chaque fois, on me répond simplement : “Nous sommes en grève”, me disent les agents à l’intérieur. Je ne connais pas précisément les raisons ou le motif de cette grève. Cependant, les nouvelles autorités doivent intervenir pour régler ce problème. Si les grévistes ont raison, qu’on leur accorde ce qu’ils réclament. Sinon, que l’État assume ses responsabilités. Nous, les citoyens, sommes considérés comme des sacrifices. Nous payons le prix pour des choses que nous n’avons pas commises. C’est vraiment regrettable. Nous appelons simplement les deux parties à faire preuve de raison. Nous demandons aux grévistes d’adopter une stratégie différente, qui ne bloque pas l’accès aux droits des citoyens. Par ailleurs, nous exhortons l’État à dialoguer honnêtement avec les syndicats des travailleurs de la Justice. Nous en avons assez de cette grève. »