Burkina: des “dizaines” de morts dans deux attaques jihadistes dans le nord

 

“Plusieurs dizaines” de soldats et de civils ont été tués lundi dans deux attaques jihadistes dans le nord du Burkina Faso, ont indiqué vendredi à l’AFP deux sources sécuritaires et une source locale.

Depuis 2015, le Burkina Faso est confronté à de nombreuses attaques de groupes armés jihadistes liés à Al-Qaïda et au groupe État islamique sur la majeure partie de son territoire.

Lundi, “le détachement militaire de Dargo (province du Namentenga), a été la cible d’une attaque d’envergure perpétrée par des groupes armés terroristes qui ont tenté de pénétrer dans la base”, a indiqué à l’AFP une source sécuritaire de la région.

“Malgré les pertes infligées à l’ennemi, des éléments sont malheureusement tombés après avoir vaillamment défendu la position”, a poursuivi la même source, évoquant “plusieurs dizaines de morts de part et d’autre”.

Selon une deuxième source sécuritaire, d’autres soldats sont “portés disparus” et plusieurs “gravement blessés”.

L’attaque a été revendiquée mardi par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, affilié à Al-Qaïda), évoquant de son côté 40 soldats burkinabè tués.

Selon Wamaps, un groupe de journalistes ouest-africains spécialisé dans l’actualité sécuritaire au Sahel, il “s’agirait de l’une des attaques les plus meurtrières” contre l’armée burkinabè “ces dernières semaines.”

“Environ 50 jeunes soldats auraient été tués selon des sources locales”, a affirmé le groupe mercredi dans une note sur X.

“Certaines victimes auraient tenté de se rendre ou de fuir, mais auraient été exécutées sans ménagement, puis dépouillées de leurs effets personnels”, a-t-il ajouté.

– “Vingtaine de chauffeurs” tués –

Selon la deuxième source sécuritaire, des jihadistes ont lancé lundi également une autre attaque contre un convoi de ravitaillement entre Dori et Gorom-Gorom, deux importantes villes du nord du Burkina Faso.

“Au cours de cette embuscade, plusieurs éléments (militaires) sont tombés tout comme des civils, notamment les conducteurs des camions qui transportaient les produits de ravitaillement”, a poursuivi cette source.

Un responsable des transporteurs routiers a confirmé l’attaque contre le convoi de ravitaillement, affirmant qu’une “vingtaine de chauffeurs et leurs apprentis ont été tués”.

“Nous sommes à ce jour sans nouvelles de beaucoup d’autres camarades”, a-t-il affirmé à l’AFP.

“Plusieurs de nos camions ont été calcinés et le ravitaillement n’a pas pu se faire jusqu’à présent”, a déploré le responsable.

Selon Wamaps, “près de 200 terroristes” de l’Etat islamique au Sahel seraient derrière l’attaque du convoi de ravitaillement. “Près de 15 soldats de l’escorte ont été tués et plus de 10 chauffeurs ont été exécutés”, indique le groupe.

Le nord du Burkina a été le théâtre de plusieurs attaques meurtrières ces dernières semaines, qui ont plutôt visé des postes de sécurité.

Mardi, quatre volontaires pour la défense de la patrie (VDP), des supplétifs civils qui combattent les groupes armés aux côtés de l’armée, ont été tués à Sollé, dans la province du Loroum.

A la suite de cette attaque, des dizaines de femmes ont manifesté dans la ville de Sollé pour demander “plus de sécurité et un ravitaillement.”

“Sollé fait pitié. On meurt de faim. Des femmes perdent leur grossesse à cause de la faim et leurs enfants décèdent de famine. On ne peut pas sortir de la ville au risque d’être tué par les jihadistes”, a déclaré à l’AFP leur porte-parole.

L’ONG Acled, qui recense les victimes de conflits dans le monde, fait état de plus de 26.000 morts, civils et militaires depuis 2015 au Burkina, dont plus de la moitié ces trois dernières années.

Le Burkina reste le pays qui enregistre le plus de morts dus au “terrorisme” pour la deuxième année consécutive avec 1.532 victimes en 2024 sur un total mondial de 7555, rapporte l’Indice mondial du terrorisme élaboré par le groupe de réflexion australien Institute for Economics and Peace.

 

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