Ibrahima Lissa Faye : « toute la presse sénégalaise est aujourd’hui à l’agonie »

 

La situation économique des entreprises de presse privées au Sénégal continue de se dégrader. Face à ces difficultés, Ibrahima Lissa Faye, coordonnateur de la Coordination des associations de presse (CAP) et président de l’Appel, pointe du doigt des causes structurelles mais aussi des décisions récentes du pouvoir.

« Le mal vient d’abord du fait que le modèle économique de nos entreprises n’est plus adapté », reconnaît-il sur la rfm. Mais il ajoute surtout que « nous subissons des mesures inappropriées et un désengagement brutal de l’État ».

Depuis longtemps, rappelle-t-il, l’économie des médias sénégalais reposait largement sur l’appui public : conventions publicitaires, fonds de soutien, ou encore d’autres mécanismes indirects. « Aujourd’hui, déplore t-il, un nouveau pouvoir a décidé d’y mettre un terme sans concertation avec les acteurs et sans proposer d’alternatives. Résultat : l’économie de la presse n’est plus viable ».

Selon lui, la commande publique représentait entre 70 et 80 % du chiffre d’affaires des entreprises. Sa disparition a laissé les rédactions avec à peine 20 % de ressources, insuffisantes pour couvrir les charges courantes. « Je ne parle même pas des salaires ou des loyers, qui deviennent impossibles à honorer », souligne-t-il.

Résultat des courses ! « Toute la presse privée est aujourd’hui dans le gouffre, à l’agonie », martèle Ibrahima Lissa Faye. Une situation qui, selon lui, aura des répercussions régionales : « La presse sénégalaise a toujours eu une place de référence en Afrique de l’Ouest. Ne pas en mesurer l’impact est une erreur. Le pouvoir aurait dû s’asseoir avec les acteurs pour envisager une solution transitoire. »