Fréquence des accidents sur la Rn6, à l’entrée de la ville : A Tambacounda, la mort à grandes vitesses

Dans la capitale orientale du Sénégal, les accidents se multiplient à une vitesse exponentielle et provoquent plusieurs morts par an. Cela a fini de jeter l’effroi chez les populations.

A Tambacounda, les chauffeurs redoutent cet axe qu’est la Rn6. Dans cette ville, le tronçon de la mort est circonscrit entre son entrée et l’hôpital régional où il est surtout dénombré les collisions les plus spectaculaires. Au moment de le traverser, les transporteurs et les passagers implorent systématiquement Allah pour sortir sain et sauf de ce circuit de la mort. Ce dimanche 4 mai, un car Ndiaga Ndiaye a fini sa course mortelle  sous un camion qui roulait dans le même sens. Comme toujours, le bilan est très lourd. Une personne a succombé à ses blessures après avoir été coincée pendant plus de deux heures entre les ferrailles du car. Alors que les blessés se comptaient par dizaines.
L’année dernière, une voiture avait perdu son pneu à cette même hauteur. Cet accident avait provoqué la mort atroce d’une fillette de 10 ans. Cette hémorragie à grandes vitesses  de la circulation dans la capitale du rail est devenue une véritable préoccupation en termes de sécurité publique. Ces séries d’accidents ravivent la peur et l’incrédulité dans les cœurs ravagés des populations de l’Est.
Au moment des constats, tout le monde pointe son doigt accusateur sur l’imprudence, l’indiscipline des chauffeurs ainsi que la nature des véhicules qui sont pratiquement de vieilles guimbardes, surtout celles naviguant entre les marchés hebdomadaires.  Au sein de la gendarmerie, l’on insiste sur le comportement des transporteurs qui jouent avec leur vie. «L’on n’a pas tout le temps besoin d’être suivi ou surveillé pour s’accommoder aux lois et règlements en vigueur», martèle un officier. Interloqué, il peine à comprendre l’attitude des chauffeurs qui foulent au pied les règles établies par le Code de la route dès qu’ils quittent le champ visuel des forces de l’ordre.  «En plus, leurs dépassements souvent défectueux sont aussi source d’accidents», dénonce-t-il.
A quoi bon appuyer sur l’accélérateur si la route n’est pas éclairée ? La réputation «accidentogène» de cette Rn6 est aussi exacerbée par l’absence d’éclairage public le long du trajet de plusieurs dizaines de kilomètres. Pied sur l’accélérateur, ils roulent sur des ténèbres en mettant en jeu leur vie. Sans oublier que les camions mal stationnés le long du chemin accélèrent la fréquence des accidents.
La Rn 6 est  aussi une route très fréquentée. Elle dessert l’intérieur comme l’extérieur du pays. C’est à travers cette route que les guinéens  rallient leur pays et arrivent au Sénégal. En plus, elle alimente tout le flux de transport  des Maliens  qui empruntent désormais le chemin le plus court. Après un détour à Kédougou, ils rappliquent au niveau de la ville de Tambacounda pour rejoindre Dakar. Cela leur permet de gagner une centaine de kilomètres et d’économiser du carburant, alors qu’auparavant, ils roulaient sur l’axe de Kidira.

Les mardi et les mercredi, les conditions de trafic deviennent plus catastrophiques. Coïncidant avec le «louma» de Diaoubé, ces jours mettent les forces de l’ordre sous haute tension. «Pendant ces jours, la route devient plus que dangereuse», fulmine l’officier dans son commentaire.
Aujourd’hui, les populations réclament l’instauration de ralentisseurs tout le long de cet axe réputé «dangereux». «Il nous faut ces ralentisseurs qui obligeraient les chauffeurs à diminuer leur vitesse excessive dans la ville. Il faut aussi que des lampadaires y soient installés pour éclairer la route et permettre une bonne vue des voitures stationnées le long de l’axe», ajoute-t-il.  «Et surtout, il faut que les chauffeurs adoptent des comportements et conduites que leur exige le Code de la route. Si cela est fait, les risques d’accidents seront réduits», poursuit l’homme en bleu. En attendant, les populations  gémissent toujours de douleur alors que les causes sont connues.

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