PROCHE-ORIENT: Les violences reprennent entre le Hamas et Israël

 

Un haut dirigeant du Hamas a accusé mardi soir Israël d’être responsable de la reprise des violences à Gaza et a averti l’Etat hébreu qu’il ne sera pas «en sécurité» tant que les Palestiniens ne le seront pas.

Peu après l’expiration du cessez-le-feu, rompu dans la journée avec des tirs de roquettes palestiniennes sur Israël et des raids aériens israéliens sur la bande de Gaza, Ezzat el-Rishq, un des dirigeants en exil du mouvement islamiste palestinien Hamas, a déclaré: «Israël ne sera pas en sécurité tant que le peuple palestinien ne le sera pas, et c’est Israël qui a commencé».

Un autre membre de la délégation palestinienne présente au Caire pour des négociations indirectes avec Israël a pour sa part annoncé que les négociateurs palestiniens quitteront la capitale égyptienne mercredi matin.

Pourparlers brutalement interrompus

Selon les secours locaux, deux Palestiniennes, une femme et une enfant, ont été tuées et plus de 20 personnes blessées par les frappes israéliennes lancées en représailles aux tirs depuis Gaza de roquettes avant même qu’un cessez-le-feu globalement observé depuis le 11 août n’expire à 23 heures (heure Suisse).

La rupture du cessez-le-feu a mis un terme aux pourparlers en cours, qui s’employaient au Caire à transformer cette pause en trêve prolongée: les émissaires israéliens rappelés par leur gouvernement ont repris le chemin d’Israël, sans aucune perspective claire de retour aux discussions.

Les tractations avant la reprise des tirs n’ont fait aucun progrès et «les chances de parvenir à un accord s’évaporent», a déclaré sur Twitter Ezzat el-Rishq, un haut responsable du Hamas, l’organisation islamiste qui contrôle Gaza et qui est la principale cible de l’offensive lancée par Israël le 8 juillet.

Les Gazaouis fuient par milliers

Les habitants de Gaza, durement éprouvés par un mois de combats, ont recommencé à fuir par milliers les secteurs les plus exposés.

Des centaines de Gazaouis encombrés de sacs et de matelas ont abandonné Chajaya pour aller s’abriter dans les écoles de l’ONU transformées en refuges. Cette banlieue à l’est de la ville de Gaza, fait face à la frontière avec Israël et c’est l’un des secteurs les plus dévastés par les tirs israéliens.

On ignore si les tirs et les raids de mardi représentent de simples coups de semonce matérialisant l’échec des négociations, ou s’ils annoncent une reprise dans toute leur intensité de combats qui ont tué plus de 2000 Palestiniens et près de 70 Israéliens en un peu plus d’un mois.

Les USA «très inquiets»

L’expiration du cessez-le-feu ne signifierait pas fatalement un nouvel embrasement. L’idée d’une cessation de fait des combats sans accord est dans l’air en Israël.

Néanmoins les Etats-Unis se sont dits «très inquiets» de la «rupture du cessez-le-feu», jugeant le Hamas «responsable» des tirs de roquettes étant donné que ce mouvement contrôle Gaza, et estimant qu’Israël avait le droit de se défendre.

Pour le Hamas au contraire, ce sont les «occupants sionistes» qui sont «entièrement responsables de cette situation», a déclaré Ezzat al-Rishq, un responsable du groupe.

Doutes sur les auteurs des tirs depuis Gaza

Selon un porte-parole à Gaza, Sami Abou Zouhri, le Hamas n’est pour rien dans les tirs de roquettes, laissant entendre que ces tirs pourraient être le fait d’autres factions palestiniennes.

Maintenant que le Premier ministre israélien Benjamin «Netanyahu a délibérément bloqué les négociations au Caire, la résistance (les Palestiniens) examinent toutes les options», a averti un autre porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum.

Une fillette et une femme tuées à Gaza

«Le processus du Caire reposait sur la condition préalable d’un respect total du cessez-le-feu», a expliqué un responsable israélien. «Si le Hamas se met à tirer des roquettes, le processus du Caire est dénué de fondement».

Le nouvel accès de fièvre a commencé avec le tir de roquettes palestiniennes en pleine trêve, auquel l’armée a riposté par des raids à la demande de Benjamin Netanyahu.

Au total huit roquettes ont té tirées sur Israël, dont six sont tombées sur des terrains vagues et deux interceptées par le système de défense anti-missiles, selon l’armée.

Une série de frappes israéliennes ont été lancées dont l’une a touché une maison en soirée tuant une femme et une enfant et blessant 16 autres, tous probablement de la même famille, selon les secours palestiniens.

Exigences inconciliables

Lundi soir, Israéliens et Palestiniens s’étaient accordés in extremis pour prolonger de 24 heures jusqu’à mardi minuit la trêve. Et rien n’indiquait que les discussions pourraient produire un accord durable entre des parties aux exigences apparemment inconciliables.

Sans un tel accord, la crainte est grande de voir éclater de nouveaux combats dans quelques mois dans un territoire qui en est déjà à sa troisième guerre en six ans.

La levée du blocus israélien, condition sine qua non

Les Palestiniens -représentés au Caire par une délégation comptant des responsables du Hamas, du Jihad islamique et de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) qui chapeaute l’Autorité palestinienne- ont affirmé maintes fois qu’ils ne signeraient aucun accord qui ne prévoirait pas une levée du blocus israélien de Gaza. Les Israéliens font eux de la démilitarisation de l’enclave une condition sine qua non.

L’Egypte a soumis aux protagonistes une proposition par laquelle ils s’engageraient à cesser les combats et qui prévoit la réouverture des points de passage aux frontières. Elle fait la part belle à l’Autorité palestinienne, évincée de Gaza par le Hamas en 2007.

Des sujets aussi épineux que l’ouverture d’un port et d’un aéroport, à laquelle Israël est opposé, ou la restitution des corps de deux soldats israéliens morts en échange de la libération de détenus palestiniens, seraient, eux, remis à dans un mois.

(ats/Newsnet)