ONU: Didier Burkhalter condamne la décapitation «barbare» d’Hervé Gourdel

 

Didier Burkhalter a vivement réagi mercredi soir à New York à la décapitation en Algérie d’Hervé Gourdel, l’otage français de 55 ans. «C’est affreux et c’est une fois de plus un acte absolument barbare», a affirmé le président de la Confédération à l’occasion d’une conférence au siège des Nations unies. «C’est quelque chose qui montre à quel point notre monde est actuellement en difficulté et à quel point il est nécessaire de réagir de manière unie. La réaction doit être complète. Elle ne doit pas être uniquement une action de répression, mais aussi de prévention pour faire en sorte que toutes les personnes qui ont pris le chemin de l’extrémisme ne soient pas suivies par d’autres jeunes».

Le conseiller fédéral a apporté son soutien à la résolution du Conseil de Sécurité votée hier en présence de Barack Obama et destinée à empêcher les djihadistes de rejoindre la Syrie ou l’Irak. «Lorsque vous êtes en présence de claires violations des droits de l’homme et du droit humanitaire, il n’y a pas de neutralité», a-t-il dit. «Il faut se positionner du côté du droit». Didier Burkhalter a néanmoins une nouvelle fois fait part de son voeu de voir les frappes aériennes en Syrie être autorisées par une résolution: «Pour la Suisse, s’il y a des frappes aériennes dans un pays qui ne l’a pas demandé, il faut une résolution», a-t-il déclaré.

«Il faut enquêter»

Dans son discours, le conseiller fédéral a souligné la nécessité de dialoguer avec les différents acteurs d’un conflit. «En cas de violations graves, il faut enquêter», a-t-il notamment affirmé. En interview, il rejette néanmoins tout dialogue avec l’Etat islamique: «Le dialogue dont parle la Suisse est un dialogue avec tous les acteurs dans les différentes crises du monde, mais cela ne veut pas dire qu’on fait n’importe quel dialogue avec n’importe quel groupe terroriste», dit-il. «La terreur doit être condamnée. On est très clairs là dessus».

A la tribune de l’ONU, Didier Burkhalter a tendu la main à l’Islam d’une manière potentiellement ambiguë: «L’Islam peut être, et doit être, comme les autres religions, un messager de paix, d’humanité et de fraternité». Précision quelques minutes plus tard: «Quand vous avez une organisation terroriste qui s’appelle «Etat islamique», le danger c’est de faire le lien avec la violence», explique-t-il. «Je crois qu’il est très important de séparer les deux et de montrer que les religions y compris l’Islam peuvent être et doivent être un messager de paix. Dans l’esprit des gens, ce n’est pas toujours évident».

Dialogue avec la Russie

Didier Burkhalter s’est distancé mercredi de Barack Obama sur la Russie. «Nous allons faire payer à la Russie son agression et contrer les mensonges par la vérité», a martelé à l’ONU le président américain. Le chef d’Etat helvétique a lui affirmé lors de sa conférence de presse être «clairement du côté de ceux qui disent que la solution se trouvera en dialoguant avec la Russie».

Didier Burkhalter doit notamment rencontrer jeudi Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, et Hassan Rohani, le président iranien. Il a aussi été convié mardi soir à un dîner organisé par Barack Obama. «J’ai vu Barack Obama, mais c’était très court», conclut le président de la Confédération. «Nous avons attendu 1h30 pour pouvoir lui serrer la main . C’était court mais chaleureux, ce qui est toujours bien. Et sa femme était aussi très chaleureuse».(24 heures)