Aïnoumadi : difficultés d’accès à l’eau potable, absence de moulin à mil et de piste rurale, Les femmes du village totalement éreintées.

 

Aïnoumadi est un village  situé dans le département de Goudiry, dans la région de Tambacounda, à une vingtaine de kilomètres de la capitale départementale et au plein cœur du Boundou. Dans  cette localité  il n’y a rien et les femmes sont celles qui la ressentent le plus. Pour trouver de l’eau potable et piler le mil,  c’est la croix et la bannière.

A Aïnoumadi village situé au cœur du Boundou dans le département de Goudiry, les conditions de vie des femmes  y sont très précaires.  Les populations et surtout les femmes  manquent de tout. Il n’ya pas d’électricité malgré sa proximité avec la capitale départementale, les pistes rurales sont mauvaises,  des classes sont sous abris provisoires à l’heure du « Paquet », entre autres maux dont souffrent ces sénégalais à part entière. Cependant, martèle la présidente des femmes, la dame Fatoumata Hot que nous avons rencontrée, « la principale difficulté demeure l’approvisionnement en eau et la transformation du mil en céréales ». La  sexagénaire n’y va pas avec le dos de la cuiller, pour décrire les dures conditions dans lesquelles elles trouvent le liquide précieux dans son village. Ici, assène-t-elle, « nous nous alimentons en eau « potable » avec les puits au nombre de deux dans le village ». Et malheureusement ajoutera-t-elle, « ceux-ci  (les puits)  ont une profondeur de plus d’une cinquantaine de mètres. Il nous faut banalement deux voire trois minutes pour tirer et espérer sortir le récipient contenant de  l’eau », s’offusque la dame. « Généralement ce sont les ânes et autres chevaux que nous utilisons pour pouvoir correctement nous approvisionner en eau et avec  des puits qui souvent tarissent du fait d’une surexploitation.  Imaginez celui qui n’a pas ces bêtes de somme pour tirer la corde, il  aura d’énormes difficultés pour se procurer l’eau ». Dans cette cité religieuse du Boundou où cohabitent plus d’un millier d’âmes, « il n’y a qu’un seul puits fonctionnel pour servir toute la localité en eau, c’est inadmissible », peste Fatoumata Hot. Suffisant pour qu’elle donne de la voix à l’endroit des autorités étatiques du pays à trouver une solution à leurs maux. « Nous voulons que le forage construit à l’entrée du village soit fonctionnel », clame la dame visiblement dépassée par le problème d’eau dans sa localité.

Des citernes d’eau vendues à 25 000 FCFA.

Dans cette cité religieuse où réside une partie de la famille maraboutique de Médina Gounass, trouver de l’eau potable relève d’un vrai parcours du combattant. Lors de certaines cérémonies religieuses comme la ziara organisée  dans  la localité, nous confie la dame Fatoumata Hot, « il nous arrive de payer une citerne d’eau à 25 000 francs », se désole Fatoumata qui ajoutera qu’ils sont tout de même obligés. « Et même cela, il en manque très souvent. Et c’est la raison pour laquelle, l’actuel khalife de la localité, le marabout Thierno Tahirou Diallo a profité de la visite du ministre en charge de l’hydraulique, Mansour Faye, pour lui demander de tout faire pour que d’ici le 1er février prochain, date de la Ziara,  l’eau du forage puisse couler à flots dans le village ». Les femmes sont très fatiguées à cause de l’eau. Elles ne peuvent pas s’adonner à aucune autre activité car, sa recherche les prend tout le temps. « Monsieur le ministre », martèlera le marabout Thierno Tahirou Diallo, «  aidez nous à ce que le forage puisse démarrer avant la date retenue pour la ziara ».
Fatoumata Hot, toujours dans sa description des problèmes rencontrés par les femmes, a aussi évoqué le manque de moulin  à mil. La transformation des grains de mil et de maïs en céréales nous fatigue, assène atterrée la pauvre dame. « Nous n’avons pas de moulin pour piler le mil dans le village, alors que nous vivons de ces produits. Tout le travail est fait à la main »,  confie-t-elle, la mine triste. « En ce troisième millénaire, continuer de piler le mil à la main doit être dépassé et  banni. Tout ce que nous demandons, c’est d’être dotées en eau potable et en moulins de mil », conclut Fatoumata Hot, la présidente du groupement des femmes du village, pour qu’au moins, les femmes puissent s’adonner à des activités génératrices de revenus.

Par Abdoulaye Fall/www.tambacounda.info/