Tambacounda : des mères de Saré Guilèle saluent l’efficacité de la CPS

Des parents, notamment des mères interrogés dimanche par l’APS à Saré Guilèle, dans la commune de Tambacounda, ont salué l’efficacité des traitements administrés aux enfants de moins de dix ans dans le cadre de la chimio-prévention du paludisme saisonnier (CPS), même si pour certains, les effets indésirables tendent à en éclipser les bienfaits, au point de les amener à décider d’arrêter de les donner à leurs enfants.

Près d’une dizaine de personnes, pour l’essentiel des mères, interrogées à la Cité Charbon sous-quartier de Saré Guilèle dans la commune de Tambacounda, au lendemain de la fin du troisième passage, vendredi, ont admis sans ambages que les traitements ont prémuni leur progéniture du paludisme.

‘’Depuis qu’ils (les enfants) prennent ces médicaments, on n’a noté aucun cas de paludisme chez eux’’, a indiqué Sokhna Diallo, qui a fait part de son adhésion sans réserve à ces traitements qu’elle est prête, dit-elle, à leur administrer encore à l’avenir. Bien que les six enfants de la maison, tombaient malades au début du traitement, – ce qui n’était plus le cas par la suite -, elle a veillé à ce qu’ ils prennent toutes les trois doses à chaque passage.

Aïssatou Diallo dit avoir constaté les mêmes effets indésirables chez ses deux enfants âgés de 3 et 5 ans, mais soutient qu’elle leur a fait observer le traitement malgré tout, et se dit résolue à continuer de le faire.

‘’Dès lors que c’est des médicaments, on est tenu de les donner aux enfants’’, a-t-elle noté. Elle en a sa petite idée : elle pense que c’est les comprimés à la saveur aigre qui sont à la base de ces effets. Une vacancière qui était chez elle était la plus touchée.

‘’Elle a tellement vomi qu’elle en est tombée malade’’, a-t-elle rapporté, soulignant que même si ces traitements ont prémuni ses enfants du paludisme, ses effets posent problème.

Acquis à la cause de la CPS qu’il considère comme une ‘’ une bonne initiative’’, Mamadou Traoré, un agent de santé de proximité (ASP), père de famille, témoigne que chez lui, on est passé d’une situation antérieure à la campagne, où le paludisme terrassait ses enfants, à une autre où aucun enfant n’a souffert de cette affection.

En plus, aucun cas d’effet indésirable n’a été noté chez eux, a-t-il dit. Si bien qu’il dit ne pas comprendre pas la méfiance de certains parents vis-à-vis de ces molécules.

‘’Je considère que les autorités sanitaires les ont bien analysées avant de les donner aux enfants’’, a-t-il dit. Il souhaite d’ailleurs que la CPS couvre au-delà de la tranche d’âge visée. Outre ses trois enfants qui ont pris les traitements, toute la famille se couche sous des moustiquaires à l’intérieur des chambres comme au dehors.

Il n’a pas manqué de saluer le comportement des relais dépêchés sur le terrain. ‘’Ils communiquent bien le message et le font poliment’’, a-t-il dit.

La ménagère Bigué Dia estime que malgré les désagréments qu’ils ont causés à ses quatre enfants, dont l’un est resté malade pendant deux jours, et les autres ont eu un peu de fièvre, les comprimés de la CPS restent de ‘’bons médicaments’’.

‘’Auparavant, le paludisme nous fatiguait’’, s’est-elle souvenu, ajoutant n’avoir pas jugé nécessaire d’emmener les enfants à l’hôpital, car les effets indésirables n’étaient pas graves à ce point. Comme beaucoup d’autres, Sélina Bassène, sage-femme de son état, ne doute pas un seul instant de l’utilité de ces traitements.

Elle est aussi d’avis qu’il faut élargir l’âge des bénéficiaires au-delà de 10 ans, pour espérer éradiquer le paludisme. A titre d’illustration, elle a indiqué que ses deux neveux, des jumeaux, avaient été épargnés du paludisme l’année dernière, après avoir pris leur traitement, contrairement à son frère, âgé de plus de 10 ans, qui a été affecté.

Cette année, les jumeaux qui ont passé leurs vacances en Casamance, et qui viennent tout juste de rentrer, n’ont pas encore pris le traitement.

Awa Guèye, une vendeuse de légumes qui installe une table devant chez elle, signale que son fils se plaint de nausées. Agé de 12 ans, curieusement, il n’a pris les doses que le premier jour du troisième passage.

C’était la première fois qu’il les prenait ces traitements préventifs, a-t-elle noté. ‘’ Je ne dis pas qu’il ne les prendra plus à l’avenir, mais ce sera à revoir’’, dit la mère de famille non sans ajouter : ‘’on préfère la moustiquaire à ces médicaments’’.

Astou Traoré, une femme de ménage, qui s’entêtait jusque-là à administrer les traitements à ses enfants malgré l’opposition de leur grand-mère, semble décidée à l’avenir de se plier au désidérata de cette dernière. Cela, parce que ses trois enfants ont eu la diarrhée, des maux de ventre et des vomissements.

‘’On ne les a pas amenés à l’hôpital, parce que je me suis dit qu’on allait leur demander encore d’acheter des médicaments’’, a-t-elle dit, relevant n’avoir pas été informée que la prise en charge en cas d’effets indésirables serait gratuite.

‘’Leur grand-mère avait demandé depuis le début à ce que les enfants ne prennent pas les traitements. C’est moi qui m’entêtais à les lui donner. Mais maintenant ils ne les prendront plus, comme en a décidé leur grand-mère’’, a-t-elle.

Tous les enfants continuent tout de même de se coucher sous des moustiquaires, ajoutant n’avoir pas enregistré de cas de paludisme par le passé.

Saré Guiléle a une population de 13.100 habitants, sur lesquels le nombre d’enfants ciblés avoisinait les 2.800, a noté l’infirmier chef de poste de Saré Guiléle, le docteur Amadou Doucouré.

Au cours de la semaine dernière, 10 cas de paludisme ont été reçus au poste de Saré Guiléle, dont une femme enceinte et le reste composé d’enfants de plus de dix ans. Un enfant talibé âgé de plus de 12 ans y est décédé récemment d’un paludisme chronique, a-t-il signalé.

Pour lui, les gens adhèrent progressivement à la CPS : de 95% lors du premier passage, on est passé à 90% lors du second – une baisse liée aux vacances -, pour remonter au deuxième jour du troisième passage, à 96%, avec l’espoir a-t-il dit, d’atteindre les 100% à terme.

Le dernier passage a eu comme nouveauté l’intégration du dépistage de la malnutrition et de la tuberculose pour les toux de plus de 15 jours chez les enfants âgés de zéro à 14 ans, avec cinq postes tests de la commune choisis. Il s’agit de Saré Guiléle, Dépôt, Gourel Diadié, Pont et Afia.

ADI/OID / APS /